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Erosion du littoral : que risquent les campings ?

Campings situés à quelques mètres de la mer - Gironde
Campings situés à quelques mètres de la mer - Gironde

Face à l’érosion côtière, 2 200 campings situés le littoral français sont menacés. Recul du trait de côte, montée des eaux et tempêtes imposent des solutions : relocalisations, enrochements ou adaptation durable aux risques et à l’environnement . Ces adaptations, bien qu’essentielles, redéfinissent l’avenir du tourisme balnéaire et des territoires concernés. Un tiers des campings français pourrait-il vraiment disparaître d'ici 30 ans ?

L'érosion côtière, un phénomène qui touche 20% du littoral français

L’érosion côtière, c'est la perte progressive de sédiments le long des côtes qui entraîne le recul du trait de côte (la limite entre terre et mer) vers l’intérieur des terres. Ce phénomène naturel est aggravé par le changement climatique et touche aujourd’hui 20 % du littoral français. Entre 1960 et 2010, environ 30 km² de terres ont été perdues, soit l’équivalent d’un terrain de football tous les 4 à 5 jours.

Le changement climatique accentue cette érosion. La montée des eaux, due à la dilatation thermique des océans et à la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, est un facteur clé. Depuis 1900, le niveau de la mer a augmenté de 20 cm, avec un rythme de montée qui a doublé ces 30 dernières années. Cette hausse facilite la propagation de vagues plus puissantes, qui érodent davantage les côtes.

Face à ce phénomène, plusieurs solutions sont envisagées :

  • Les approches douces, fondées sur la nature, visent à restaurer ou protéger des écosystèmes naturels tels que les dunes, plages, récifs ou mangroves. Par exemple, végétaliser les dunes permet de fixer les sédiments grâce aux racines des végétaux. Ces méthodes présentent aussi des avantages supplémentaires comme la préservation des paysages, l’amélioration de la qualité de l’eau et la biodiversité.
  • Dans les cas où les enjeux sont trop importants ou les alternatives limitées, des solutions « dures » comme les digues, brise-lames ou épis peuvent être employées. Cependant, ces ouvrages présentent des inconvénients, notamment des coûts élevés et des impacts environnementaux, tout en procurant parfois une sécurité illusoire.

La France est face à un changement de perspective, qui consiste à collaborer avec la nature plutôt que de la contrer et marque une transition vers un modèle d’aménagement du littoral plus respectueux et durable. Comme le résume cette approche : « On arrête de se battre contre la nature. On travaille avec elle. »

2 200 campings menacés par l’érosion du littoral

En raison du recul du trait de côte qui touche 20 % du littoral français, 2 200 campings, représentant 50 % des hébergements en hôtellerie de plein air (HPA) en France, sont menacés.

Ce phénomène, lié au changement climatique, pourrait entraîner la disparition d’un tiers des campings d’ici 30 ans. Face à cette menace progressive mais prévisible, collectivités, État, propriétaires et usagers tentent d’organiser des stratégies d’adaptation et de relocalisation pour maintenir cette activité essentielle à l’attractivité touristique des territoires côtiers.

Pour anticiper ces impacts, le ministère de la Transition écologique a lancé un appel à manifestation d’intérêt qui vise à réaliser des diagnostics territoriaux pour aider les collectivités et entreprises à préparer des projets adaptés à l’érosion. L’objectif est d’identifier les actions nécessaires à la relocalisation des campings et à l’amélioration de leur offre, tout en tenant compte des besoins des territoires.

La loi Climat et Résilience fournit également de nouveaux outils permettant aux collectivités de concevoir des projets d’aménagement pour recomposer les zones littorales menacées. Ces projets incluent le déplacement des campings, qu’ils soient publics ou privés, ainsi que des activités économiques et des équipements associés.

Les diagnostics proposés comportent deux volets :

  • Diagnostic territorial : réaliser un état des lieux de l’offre de campings (types d’hébergements, public cible) et identifier les besoins de relocalisation ou d’aménagement nécessaires (foncier, réseaux, voiries) pour des projets de recomposition spatiale. Ici, il s'agit de repenser et réorganiser les espaces côtiers menacés par le recul du trait de côte. Pour un camping, il pourra s'agir de rebâtir ses infrastructures plus loin du bord de mer ou de se relocaliser. Il pourra s'agir également de construire davantage de locations sur pilotis, par exemple.
  • Diagnostic d’exploitation : évaluer la clientèle, la performance économique, l’impact environnemental et la conformité des infrastructures des campings concernés. Ces diagnostics visent à moderniser l’offre tout en maintenant le chiffre d’affaires des exploitants - et la capacité des touristes à bénéficier de ces hébergements prisés en France.

En agissant ainsi, l’objectif est non seulement de protéger les activités touristiques liées aux campings, mais aussi de préparer les territoires à une transition durable et résiliente face à l’érosion du littoral. Il s'agit bien sûr d'un sujet clé pour la FNHPA (Fédération Nationale de l'Hôtellerie de Plein-air).

Campings menacés par l'érosion du littoral et initiatives locales

Les exemples suivants - parmi tant d'autres - sont situés dans les départements les plus touchés par l'érosion du littoral en France. Ils montrent les stratégies oscillent entre relocalisation, renaturation, protections temporaires (enrochements, réensablement) et réflexions sur la modernisation des infrastructures. Toutefois, les défis économiques, environnementaux et sociaux compliquent la mise en œuvre de ces mesures, en particulier dans les zones où l’activité touristique est essentielle.

Hauts-de-France – Côte d’Opale (Nord-Pas de calais)

Camping des Dunes (Camiers) : une digue emportée en une seule marée a réduit la superficie du camping de 25 à 15 hectares. Ces événements illustrent l’urgence de prendre des décisions face à l’érosion rapide du littoral.

Normandie – Quiberville-sur-Mer (Seine-Maritime)

Le camping municipal de Quiberville-sur-Mer, situé en bord de mer à l’embouchure de la Saâne, le camping Seasonova Saâne et Mer ****, a été relocalisé à 600 m de la côte, sur les hauteurs du village. Il s'agit du premier camping en France pour laquelle une décision si extrême a été prise. Elle est justifiée en raison des risques d’inondation liés à la mer, aux crues fluviales et aux remontées de nappes phréatiques. L’ancien emplacement sera renaturé, marquant un exemple de repli stratégique et de changement de modèle face aux impacts du réchauffement climatique.

Normandie – Gouville-sur-Mer (Manche)

Les campings situés à quelques mètres de la mer sont menacés par le recul du trait de côte
Les campings situés à quelques mètres de la mer sont menacés par le recul du trait de côte© BELLE ETOILE (Gouville-sur-Mer - 50)

Les deux campings de la commune (dont le camping Belle Etoile ****), situés à proximité immédiate de la mer, ont été protégés par des enrochements en 2020. Cependant, cette solution est jugée temporaire face à l’érosion continue. Les professionnels craignent une perte d’attractivité en cas de relocalisation trop éloignée de la côte.

Nouvelle-Aquitaine - Capbreton (Landes)

Dans le département des Landes, l'érosion côtière menace plusieurs campings situés en bord de mer. Par exemple, à Capbreton, la municipalité met en place des dispositifs de protection pour lutter contre le recul du trait de côte, phénomène qui affecte directement les infrastructures touristiques, y compris les campings. Selon les projections, le littoral sableux des Landes pourrait reculer en moyenne de 50 mètres d'ici à 2050, exacerbant les risques pour ces établissements.

Nouvelle-Aquitaine – Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques)

Identifiée parmi les communes les plus vulnérables, Saint-Jean-de-Luz a mis en œuvre une stratégie de gestion des risques côtiers :

  • Relocalisation progressive d’équipements (dont des campings).
  • Réensablement des plages et végétalisation des anciens tracés côtiers.

D’ici 2043, 5 campings, plusieurs bars, restaurants, habitations et infrastructures seront concernés par ces mesures de repli et de réaménagement.

Nouvelle-Aquitaine – Bassin d’Arcachon (Gironde)

Des opérations de réensablement massif (220.000 tonnes en un mois, soit l’équivalent de 60 piscines olympiques) sont réalisées tous les deux ans sur les plages du bassin d'Arcachon et de la dune du Pilat. Ces travaux permettent de préserver les plages et d’éviter que l’eau atteigne directement les murs de protection, mais leur coût élevé soulève des interrogations sur leur durabilité à long terme.

Occitanie – Vias (Hérault)

Hébergements et parc aquatique du camping au plus près de la plage
Hébergements et parc aquatique du camping au plus près de la plage© LES FLOTS BLEUS (Vias - 34)

Le département de l’Hérault, où le trait de côte recule régulièrement, est particulièrement exposé. À Vias, 13 campings représentant 2 500 parcelles et accueillant 30 000 touristes chaque été sont concernés par une étude de recomposition spatiale. Les propositions incluent :

  • Mobil-homes sur pilotis avec autorisations précaires.
  • Recul des infrastructures sur site (comme par exemple le parc aquatique du camping Les Flots bleus ***, présenté sur la photo ci-dessus).
  • Entretien des protections existantes (enrochements).

Cependant, certains exploitants refusent de s’éloigner trop de la plage, essentielle pour leur clientèle.

Même pas peur

Rassurons-nous : tous les campings menacés ne fermeront pas, en revanche ils vont devoir s'adapter à ces nouvelles contraintes. De notre côté, nous nous adapterons au fait de marcher quelques centaines de mètres pour accéder à la plage, et alors ?

Le paysage de bord de mer va évoluer sur l'ensemble du littoral et la France, en se redessinant, sera toujours aussi belle et peut-être même plus naturelle.

A suivre dans 30 ans donc...

En attendant, profitons au maximum de ces magnifiques campings qui vous offrent un accès direct à la plage !

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